Le Dakar a peut-être livré son épilogue le 21 janvier 2007 en portant aux nues les Stéphane Peterhansel et Cyril Despres. Au lendemain de l'annulation de l'édition 2008 pour des raisons de sécurité, l'heure est à la comptabilité pour l'ensemble des acteurs du rallye-raid de référence. Avec des perspectives d'autant moins réjouissantes qu'au-delà de l'aspect financier, c'est la pérennité même du descendant du Paris-Dakar qui semble aujourd'hui remise en cause. A tel point que l'Afrique pourrait ne plus faire partie des plans d'ASO à l'avenir.
Saluée par les uns, décriée par les autres, la décision d'annuler le Dakar 2008, sur les conseils d'un gouvernement français alerté par des menaces terroristes, notamment en territoire mauritanien, excite la polémique. Principales voix discordantes du débat, organisateurs et hôtes de l'événement, sportifs, politiques et autres sponsors s'accordent néanmoins sur un point: cette annulation sur le tard de la course est un véritable désastre sur le plan économique. "Désastreux", un terme qui revient aujourd'hui Réactions
Avec près de 2500 personnes sur le pied de guerre quinze jours durant, plusieurs centaines de journalistes et un budget qui dépasse les 10 millions d'Euros, le Dakar est de loin le plus imposant des monstres des sables du rallye automobile. Son annulation, précipitée alors que les organisateurs jugeaient la Mauritanie sûre il y a encore quelques jours, confortés dans leur confiance par des garanties militaires sans précédent, est fatalement "lourde de conséquences", pour reprendre les propos tenus par la direction d'ASO (Amaury Sport Organisation), vendredi, via communiqué.
DES MILLIONS D'EUROS PARTIS EN FUMEE
Ce matin, Joa Lagos, responsable de l'organisation du rallye au Portugal, n'hésitait pas à clamer dans la presse lusitanienne son indignation, estimant que le "meilleur moyen de lutter contre le terrorisme est d'y faire face." Une position partagée par la plupart - pour ne pas dire l'ensemble - des acteurs économiques du Dakar, qu'ils soient d'Afrique ou de la péninsule ibérique, et qui entendent bien désormais obtenir réparation pour le préjudice financier essuyé. Ainsi LCI relayait déjà vendredi soir les velléités de réclamation des maires de Portimao et Benavente, deux communes portugaises situées sur le parcours 2008 et qui accusent, selon leurs édiles, un investissement respectif de 1,5 millions et 30 000 euros pour accueillir dignement une caravane fantôme.
Ce matin, Joa Lagos, responsable de l'organisation du rallye au Portugal, n'hésitait pas à clamer dans la presse lusitanienne son indignation, estimant que le "meilleur moyen de lutter contre le terrorisme est d'y faire face." Une position partagée par la plupart - pour ne pas dire l'ensemble - des acteurs économiques du Dakar, qu'ils soient d'Afrique ou de la péninsule ibérique, et qui entendent bien désormais obtenir réparation pour le préjudice financier essuyé. Ainsi LCI relayait déjà vendredi soir les velléités de réclamation des maires de Portimao et Benavente, deux communes portugaises situées sur le parcours 2008 et qui accusent, selon leurs édiles, un investissement respectif de 1,5 millions et 30 000 euros pour accueillir dignement une caravane fantôme.
Dans le même temps, le Syndicat de l'industrie hôtelière du Sénégal déplorait déjà une "catastrophe pour les professionnels du tourisme" et tablait sur une perte sèche de "plusieurs milliards de Francs CFA" - soit autant de millions d'euros. Une prévision funeste valable hélas pour les deux autres pays africains qui devaient initialement ouvrir leurs portes au Dakar: le Maroc et la Mauritanie. Et si la soustraction s'annonce difficile à encaisser côté jardin, l'addition promet également d'être salée côté cour.
Etienne Lavigne a certes tenu à souligner que les participants seraient remboursés avant fin février de leurs frais de participation, mais il est d'ores et déjà acquis que les 25 000 à 75 000 euros déboursés par les concurrents, selon leur catégorie, ne pourront être intégralement restitués. Pour ce qui est des écuries, le seul budget du team Mitsubishi, chiffré à 2 millions d'euros, donne une idée de l'ampleur des dégâts...
LE DAKAR HORS D'AFRIQUE ?
Au-delà de ces considérations purement matérielles, c'est bel et bien la question de l'avenir même du Dakar qui transparaît en filigrane à travers ce 30e anniversaire avorté. Alors qu'Etienne Lavigne prenait soin hier de prendre date avec l'ensemble des protagonistes de la course pour l'année prochaine ("Le Dakar est sonné, mais le Dakar est debout. Vous serez là en 2009. Nous vous faisons confiance, et vous devez nous faire confiance"), le patron de l'épreuve se révélait un tantinet plus évasif ce jour dans les colonnes de L'Equipe, se contentant de promettre "un grand événement en 2009." Une "nouvelle aventure pour les passionnés du rallye", voilà le projet sur lequel planche dorénavant l'organisation du plus célèbre des rallyes-raids. Un dessein qui devrait conserver son estampille "Dakar", même hors du continent africain.
Car la tendance actuelle semble privilégier la piste sud-américaine ou asiatique pour l'année prochaine, plus qu'un retour innocent au bercail. Terres naturelles de rallye, les Amériques du Sud et latine, un temps ouvertement envisagées, pourraient bien se voir supplantées par une Asie remise au goût du jour par la renaissance imminente d'une Transorientale. A moins que l'Océanie, vierge d'événements vrombissants à l'échelle mondiale, ne devienne le nouvel eldorado du raid automobile.
Une seule certitude en cette heure de totale remise en question, le contexte géopolitique des terres d'accueil potentielles primera à l'avenir sur les intérêts sportifs. Ce, alors que rien ne semblait devoir ébranler l'institution qu'est le Dakar - pourtant historiquement sujet à la controverse - il y a encore quelques semaines...
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